Matins calmes à Séoul
« The Day he arrives » (Matins calmes à Séoul)
(2011) noir et blanc (1h30), du Sud-Coréen Hong Sang-Soo
Charme de la Nouvelle Vague sud asiatique
Par un matin froid d’hiver , Seongjun (Yu Junsang) arrive à Séoul (Corée Sud) afin de rencontrer son ami Youngho, critique de cinéma. Exilé en province où il enseigne en Faculté, Seongjun, ancien réalisateur en rupture de ban, ne parvenant pas à joindre Youngho au téléphone, flâne dans un des quartiers-nord de la capitale où, après une rencontre fortuite avec une comédienne qui le reconnaît mais l’ennuie, et une soirée très arrosée d’alcool de riz avec des étudiants en cinéma croisés par hasard, il renoue pour quelques heures avec son ex-petite amie Kyungjin. Ces deux-là se séparent sur une promesse, celle de ne plus se revoir.
Après avoir arpenté, sous les premières neiges, les rues pentues du quartier où il va de nouveau croiser la comédienne qui enseigne singulièrement aux étudiants de cinéma avec lesquels il a passé en partie sa première soirée à Séoul, il parvient enfin à joindre Youngho. A leur rendez-vous dans un restaurant-bar désert du quartier, ce dernier lui présente Boran, une jolie brune dont il est amoureux et qui connaît les œuvres de Seongjun. Entre alcool, cigarettes et conversations animées, la séduisante et étrange patronne du bar arrive, vite invitée par le trio. Seongjun en tombe amoureux. La nuit suivante, comme calquée sur la précédente, il partagera quelques heures d’intimité avec elle avant de la quitter sur les mêmes mots employés avec son ex-maîtresse.
Tourné en une semaine et en totale improvisation quotidienne, « Matins Calmes à Séoul » présenté à Cannes 2011 (Prix « Un Certain Regard ») possède le charme de la Nouvelle Vague asiatique dont Hong San-Soo fait partie, l’emploi du noir-et-blanc accentuant cet attrait. Présent en sélection à Cannes 2012 avec « In Another Country » et Isabelle Huppert, Hong Sang-Soo, a présenté 7 œuvres à Cannes (sur 13 films réalisés, dont « La Femme est l’avenir de l’homme », « Les Femmes de mes amis ») où il fait preuve de maîtrise dans l’art des rencontres fortuites ou volontaires et toujours répétitives, entre des mêmes personnages, dans un même lieu et dans les mêmes temps.
Jacqueline Gamblin